Flash Back • La Colère cache la tristesse » feat. Lisa J. Turpin

Les bras croisés devant moi, les lèvres pincées, le teint rouge ; Non, Artémis Londubat n'était pas embarrassée, elle était profondément irritée.

Nous étions en 1997 et la seule chose qui était censée perturber la jeune Gryffondor, c'était bien les BUSEs approchant à grand pas. Elle n'était d'ailleurs ni prête, ni préparée à ce terrible examen. Comme si Missie était du genre à se plonger correctement dans ses cours. C'était son premier examen et c'était pourtant à peine si elle y pensait. Non, la seule chose qui pouvait combler son esprit, c'était cette colère qu'elle ressentait, cette déception qui l'avait poussé à faire pour la énième fois une ânerie au sein de l'école de magie d’Écosse.

Pourquoi était-elle en colère ? Il y avait beaucoup de chose qui était capable de la contrarier. Il y avait son frère qui la bassinait avec les BUSEs et qui allait sûrement débarquer dans la minute pour lui faire la moral après ce qui s'était passé en disant qu'il ne serait quoi dire devant leurs parents. Il y avait la vieille McGonagall qui avait été obligé de lui mettre plusieurs heures de colle sous le regard inquisiteur de Rogue n'attendant qu'une chose ; qu'une Gryffondor comme elle fasse perdre des points à la maison rivale de la maison dont il était le directeur. Puis, il y avait l'infirmier qui tenait à la garder à l'infirmerie pour le reste de la journée pour soigner ses plaies, alors qu'elle n'avait strictement rien !
Bref, il y avait un sacré nombre de choses qui pouvait la mettre dans un état pareil, sauf qu'en réalité, elle s'en fichait de tout cela. Les heures de colle, elle connaissait assez pour que ça lui passe au dessus de la tête. Son frère moralisateur et inquiet, elle avait beau s'en plaindre, elle adorait qu'il soit aux petits soins avec elle. Puis, elle n'en voulait en aucun cas au Professeur McGonagall parce qu'elle méritait sa punition et grandement !

- Vous n'avez que de simple égratignures, Miss Londubat. lâcha le Docteur Clive, l'infirmier de l'école.

L'homme était longiligne, le regard dégouté, et prenait particulièrement soin de ne pas toucher la Gryffondor sans s'être armé au préalable d'une paire de gants en latex. Mais cela n'était rien face au regard noir d'Artémis qu'il semblait s'en accommoder.

- Contrairement à votre... adversaire, si je peux m'exprimer ainsi. ajouta-t-il en montrant le lit derrière lui, où une jeune femme bandée de toutes parts, inconsciente, grognant parfois de douleur dans un demi-sommeil.

Artémis, elle, resta de marbre, sans un regard à la pauvre victime, qui n'était rien d'autre que la sienne.
Plus tôt dans la journée, alors que la pauvre Artémis venait d'apprendre un fait qui l'avait bouleversée et brisé son petit coeur d'adolescente, un Serpentard osa critiquer son grand frère et sa famille. La Serpentard se trouvait à présent en face d'elle, dans un lit d'infirmerie.  
Quant au Dr Clive, il continuait à fixer la Gryffondor avec un regard insistant.

- Ne me regardez pas comme ça, je ne regrette rien, et je n'ai rien à dire là dessus. Elle l'a chercher, c'est tout.
- Bien. Buvez ça. lui tendit un flacon. Vous pourrez aller dîner à la Grande Salle, contrairement à votre camarade.

Elle ne répondit pas. Ce n'était pas à l'infirmier de Poudlard qu'elle devait des comptes et maintenant que toute l'école était au courant de son énième exploit, elle allait devoir trouver des arguments pour des dizaines de personnes dans à peine deux heures. Elle avala le flacon d'une traite, le posa - un peu trop violemment - sur la table de chevet à sa gauche et croisa de nouveau ses bras, regardant l'horizon avec noirceur et ressentiment.

Artémis ne remarqua pas son amie pénétrer dans l'infirmerie. Malgré le fait que le Dr Clive s'était cloitré dans son bureau depuis longtemps, elle maintenait toujours cette même mine renfrognée. Mais cette fois-ci ce n'était pas le frigide infirmier qu'elle voulait fusiller du regard, c'était sa victime, la Serpentard qui avait eu l’audace d'insulter sa frère et sa famille et ça devant elle. Cela faisait déjà un moment que la tension aurait dû être descendu, surtout en la voyant dans l'état qu'elle l'avait mise. Elle devrait sourire de sa victoire, être fière de sa puissance physique pour son gabarit, mais elle savait une chose ; elle préférait être en colère que triste. Parce que c'était l'un ou l'autre à ce moment précis !

Ce fut pour cette raison qu'elle sursauta lorsque Lisa Turpin se posta devant elle, avec ce faux air autoritaire. Ça aurait dû faire rire Artémis de la voir ainsi, parce que ça ne lui allait terriblement pas ! Mais sachant ce qui l'attendait derrière ce semblant d'humour, elle préféra rester sur ses gardes, fronçant davantage les sourcils. Parce que si beaucoup se demandaient d'où le Choixpeau avait eu l'idée d'envoyer la fêtarde et excentrique Lisa chez les sages. Mais voilà ! Elle y avait sûrement plus sa place que n'importe qu'elle Serdaigle depuis. Après tout, elle était beaucoup plus intelligente et avisée que la Gryffondor assise devant elle sur son lit d'infirmerie, et savait bien mieux réagir qu'elle dans n'importe quelle situation. Elle était donc sûre que Lisa n'était pas particulièrement fière de ce qu'avait fait Missie, malgré que la Serpentard amochée l'avait sûrement méritée amplement.

- Bon.. Je vais être brève Mademoiselle. Comment expliquez-vous ceci ? demanda-t-elle avec toujours ce faux air sérieux tout en faisant un signe de la tête vers la Serpentard.
- Oh ça va ! On m'a déjà fait la moral tu sais !

Elle baissa les yeux. Elle s'en voulut à la seconde d'avoir hausser le ton. Si Artémis était parfois difficile à vivre, ce n'était pas par sa méchanceté, surtout avec ses amies, avec une amie aussi proche que Lisa. Après tout, elle ne voulait que son bien. Elle cherchait juste à l'aider, et vu l'étonnement, même si Missie était connue pour ce genre d'exploit, elle n'avait sûrement jamais été aussi violente avec quelqu'un...

Elle se détendit enfin. Alors qu'il y avait une seconde, elle était droite comme un piquet ainsi assise sur le lit, elle vouta ses épaules serrant malgré tout le drap qui couvrait ses jambes. On pouvait même noté le semblant de rouge qui lui montait aux joues. Mais à peine elle laissait tomber la colère, sa mine renfrognée se décomposait à vue d’œil en une regard rempli d'une tristesse à lui en faire mal au coeur.

- Excuses moi... je ne voulais pas te crier dessus... dit-elle d'une petite voix.

Elle essayait tant bien que mal de refouler ses souvenirs. Son sourire radieux en lui avouant cette nouvelle sans même se douter que ça ferait l'effet d'un éboulement sur le coeur de la Gryffondor. Ce baiser qui fit l'effet d'une bombe... Elle en serra encore plus le drap, grimaçant pour ne pas pleurer. Elle leva les yeux vers la Serpentard, mais rien n'y faisait ; elle s'était abandonné à la tristesse, elle ne pouvait faire machine arrière.  

Ainsi blottie dans les bras de son amie, Artémis n'arrivait plus à cacher la tristesse qui la rongeait. Si seulement elle serait restée seule pour le reste de la journée, elle n'aurait pas lâcher ses nerfs sur Lisa. Laisser sa fureur l'envahir face à une Serpentard qui l'avait chercher, c'était une chose, mais se laisser submerger par la dureté à l'égard de celle qu'elle considérait comme sa grande sœur... Ça lui avait mis une sacré claque quand elle s'en rendit compte. Sa carapace l'avait rendu aigrie, ce qu'elle n'était n'était pas. Artémis Londubat, la joviale et téméraire Gryffondor... ce n'était pas naturelle pour elle de se mettre dans cet état face à une amie aussi proche que Lisouille. Bon, préférer les poings aux mots, certes, elle le faisait toujours de part son manque total de répartie. Même si cette fois-ci, elle y avait été assez fort, seulement ceux qui la connaissaient assez pouvaient deviner qu'elle avait franchi une étape dans sa violence naturelle. Par contre... Missie ne serait pas surprise de voir la Serpentard qu'elle avait amoché s'étonner de sa réaction en voyant arriver Lisa.

La culpabilité, la rancœur, la déception, le cœur brisé... Tout s'accumulait pour elle en ce jour. Son menton tremblotait, mais elle serra les dents pour ne pas pleurer. Elle pleurait souvent Artémis. En tous cas, c'était bien l'impression qu'elle se donnait quelque fois. Lorsqu'elle était épanouie, elle oubliait facilement à quel point elle était sensible, à quel point les occasions de pleurer étaient grandes dans sa vie d'adolescente. Aujourd'hui qu'elle avait mal, qu'elle avait l'impression que son cœur allait partir en miette pour de bon, elle songea à toutes les cicatrices de son cœur. A croire qu'elle était incapable de tomber sur celui qui la rendrait une bonne fois pour toute heureuse. Ni plus, ni moins, et pour longtemps.

- Ça va.. Missie, racontes moi. Je peux pas te voir comme ça. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Elle voulait tout lui dire, soulagée au moins sa conscience. Après tout, quelle meilleure personne pour se confier que Lisa ? Elle ne la jugerait pas, et en plus, Missie était sûre qu'elle lui donnerait de bons conseils pour se guérir de ça.

- Elle a insulté Neville. Je... Je ne pouvais pas... Elle n'avait pas droit de dire ces choses.

Elle voulait réellement lui en parler, mais quelque chose en elle lui disait que même Lisa ne comprendrait pas son désarroi. Aimer le même que son amie... aimer le... le... Artémis une boule de chagrin lui prendre la gorge en pensant à ce qu'elle avait appris aujourd'hui. D'ailleurs, c'était une bonne raison de ne pas vouloir en parler ! Elle en était tout bonnement incapable ! Rien que d'y penser ça la brûlait de l'intérieur. Non... pas cette chaleur agréable lorsqu'un beau garçon lui caressait la peau du bout des doigts, pas cette chaleur provoqué par les baisers. Non... elle brûlait d'une douleur qu'elle avait trop longtemps enfuit qui était devenue si intense qu'elle n'était plus capable de la refouler.

Quand on rencontre Artémis Londubat pour la première fois, généralement, on la voit comme une fille abrupte, trop franche peut-être, mais surtout très drôle et très forte. « Mais qui est capable d'entailler un cœur si bien garder ? » La bonne blague... Elle se laissait envahir par les sentiments que trop facilement malgré les apparences, et ce fut trop facilement qu'elle tomba éperdument amoureuse, se trompant sûrement de voie, se trompant sûrement de bonheur. Cela faisait un moment, depuis qu'elle s'était rendu compte de cet amour inconsidéré, qu'elle s'était rendu compte qu'elle ne l'oublierait pas aussi facilement malgré les difficultés que ça occasionnerait. Pourtant, les filles de son âge n'étaient-elles pas supposées changer d'avis comme elles changent plumes ? Elle aurait tant aimé que ce soit le cas avant ce jour.

Lisa insistait son regard. Malgré les évitements de Missie, elle n'était pas dupe et la Gryffondor le voyait bien. Elle se mordit la lèvre en essuyant un œil humide. Elle se redressa, préférant de pas être trop bien installée dans les bras de sa sœur de cœur pour lui parler de ça ; elle serait tentée de se laisser aller trop facilement, même si c'était inévitable. Tripotant les draps de son lit, elle ne sut par où commencer. Personne n'avait jamais su qu'elle était amoureuse. Non, pas une simple amourette, elle en avait ça, des amourettes ridicules. Là, c'était de l'Amour avec un grand « A » dont il s'agissait. Malheureusement, il fallait que ce soit celui-ci qui s'avéra non réciproque, mais surtout... interdit en somme.

- Je suis amoureuse Lisa...

Elle préféra commencer par la commencement, même si c'était de façon très maladroite. Généralement, quand une fille avouait ça, c'était le sourire incontrôlé aux lèvres, un sourire quelque peu niai mais si sincère. Artémis, c'était dans ces moments là qu'elle était unique. Elle affichait une mine dépérie, et sa voix était morose. Malgré ce qu'elle était entrain d'avouer, le pire des idiots pourrait deviner que pour la Gryffondor, c'était très loin d'être une bonne nouvelle.  

- Artémis, qui ?

A peine avait-elle avouer ses sentiments que Lisa prit une mine plus sérieuse que jamais. Si Artémis la connaissait comme sa grande soeur de sang, elle ne se rappelait pas d'avoir déjà vu Lisa Turpin prendre un ton aussi clair et déterminée. Elle qui prenait toujours tout avec le sourire sur un air jovial. La Gryffondort en ravala ses larmes qui bordaient ses yeux tant qu'elle fut étonnée. Elle en fut incapable d'en dire le moindre mot. Ce n'était qu'une simple question, mais un tel sérieux ne pouvait que cacher...

Quand soudain, ce sérieux surnaturel fit place à une colère qui ressemblerait plus à Lisa quand on la cherchait trop, avec trop de ferveur et de ténacité :

- Racontes moi s’en omettre le moindre détail, que je sache si je dois lui arracher les yeux ou plutôt les couilles. Il va comprendre sa douleur celui là...
- Non, non, non, non ! se répéta Missie en faisant de grands gestes nerveux de ses bras.

Lisa en sembla presque aussi surprise qu'Artémis précédemment. La Gryffondor avait avalé sa tristesse avec une vitesse hallucinante. Son cœur la tiraillait plus que jamais, surtout en se rendant compte qu'elle était sûr le point de défendre envers et contre tous ( en somme Lisa ), le seul garçon qu'elle n'ait jamais aimé. Malgré que toutes possibilités de vivre heureuse avec lui étaient définitivement fermées. Une nouvelle fois, elle eut la conviction qu'elle ne l'oublierait pas de sitôt.

- Il n'a rien fait du tout. Rien. Il est très gentil avec moi, il l'a toujours été.

Une nouvelle fois, Artémis baissa les yeux, fronçant légèrement les sourcils. Elle repensa à tout ce qui s'était passé, non pas seulement ce qui s'était passé aujourd'hui, mais tout ce qui s'était déjà passé depuis quelques années déjà. Elle revit le sourire gêné de Ginerva Weasley quand elle lui avoua elle-même qu'elle était amoureuse d'un Gryffondor. Elle se revit passer de plus en plus de temps avec le garçon en question, et peu à peu éprouvé avec plus de honte que de ravissement qu'elle-même sentait son cœur chavirer pour ce garçon...

Elle s'assit sur le bord du lit pour ensuite se lever, se souciant guère du fait de voir ou pas le Dr Clive arriver et sortir de ses gonds en voyant sa patiente quitter son lit. Elle se mit à faire quelques pas. C'était une façon à elle de réfléchir, sans se douter que Dumbledore lui-même faisait de même pour les même raisons dans son bureau, comme à son habitude. Lisa se contenta de la suivre du regard et Missie sentait bien qu'elle faisait une drôle d'impression à sembler si réfléchie ( ce qui n'était pas dans ses habitude. ). Soudain, elle s'arrêta.

- Tout ça n'a plus d'importance. Mise à part cette Serpentard que j'ai déjà mise en pièce, personne ne m'a rien fait aujourd'hui. Nous n'avons pas à nous étendre sur le sujet. Ça fait des années que je cache ce que je ressens, je peux bien continuer à le faire.

Son cœur ne lui avait jamais fait autant de mal, mais ce ne fut qu'avec plus de conviction que la dernière fois qu'elle s'était juré de ne rien dire qu'elle se promit à elle même de ne jamais blâmer son amie pour ça. Ginny était une fille qu'elle aimait vraiment, une vraie amie. Même si c'était extrêmement difficile, elle ne pourrait que félicité son bonheur d'appartenir enfin à Harry Potter. Missie maintint son regard sombre tout en allant agripper son T-shirt, juste au niveau du cœur.