[Terminé] Bla, bla, bla. Encore toi quoi. #LISATURPIN&LOUNNAËLMORDOCH.

• Bla, bla, bla. Encore toi quoi •
Lounnaël Mordoch & Lisa J. Turpin

La matinée était déjà bien avancée et en ce mercredi au ciel couvert, les élèves se pressaient dans le château, pressés d’en terminer avec leurs cours.

Je sortais de la salle d’Histoire de la Magie, les yeux encore un peu collés de sommeil. Définitivement, cette matière était vraiment insupportable. Ou plutôt Mr Binns. Il doit s’être fait mourir d’ennui lui-même ! J’avais cessé de prendre des notes en deuxième année et depuis je lisais quelques livres par-ci par-là pour suivre le programme mais inutile d’espérer se passionner pour les cours.
J’ajuste mon sac sur mon épaule et coince mes livres sous mon bras. Un coup d’œil à la fenêtre me suffit pour constater que le soleil n’est pas radieux mais que je peux quand même envisager d’aller prendre l’air. Je m’élance donc dans les escaliers, reprenant doucement pied dans la réalité. Les filles sont déjà allées manger mais moi je dois absolument respirer. J’ai la tête dans le brouillard et la sensation de ne plus percevoir complètement ce qu’il se passe autour de moi.

Déboulant dans le parc après avoir bravé les vagues furieuses d’élèves affamés, je soupire et laisse retomber ma poitrine contractée. J’ai une légère tendance claustrophobe et les heures d’affluence sont une torture.
J’ouvre les épaules et laisse entrer l’air à grandes brassées dans mes poumons. J’ai encore gagné un bleu dans la bataille. Je suis tellement petite que personne ne se soucie de moi et je prends régulièrement des coups de sac dans le visage. Quand ce n’est que des sacs. Parce que croyez-moi, un coude lancé à pleine vitesse dans la poitrine vaut bien toutes les chutes de balais du monde !

« Ahouïlle.. Quelle bande de brutes épaisses. Un jour je serais grande et ils prendront cher. Un jour.. » marmonnais-je en constatant l’étendue des dégâts.

Je secoue la tête, m’efforçant de passer à autre chose. Je fais quelques pas dans l’herbe humide, cherchant des yeux un endroit où m’affaler avant d’aller manger. J’aperçois à quelques mètres de là une silhouette familière penchée auprès d’un des arbres. Lounnaël. Il ne semble pas vraiment dans son assiette..
Mes rapports avec ce garçon de Poufsouffle sont assez étranges. En effet, nous pourrions plutôt bien nous entendre mais étrangement il a toujours quelque chose qui fini par claquer et on se quitte en mauvais termes. Jusqu’à ce que l’un de nous vienne s’excuser.
J’hésite quelques instants à m’approcher, me doutant que s’il est seul et dans cet état c’est probablement qu’il ne souhaite pas être dérangé. Cependant mon irrépressible curiosité finie par l’emporter.

Je m’avance donc timidement, remontant au passage une des mes chaussettes multicolore. Une branche craque son mon pied et aussitôt Lou bondit. Au moment où il se tourne dans ma direction j’aperçois furtivement l’ombre d’une larme sur sa joue. Il semble tout tremblant, dans un état second.

« C'est qui ? » me balance t-il durement.

Je frémis, étonnée par sa brutalité. Je passe une main moite sur ma nuque et fais encore un pas vers lui, entrant pour de bon dans son champ de vision.

« C’est moi Lou.. Lisa. Je vois que ça ne va pas fort. Si vraiment tu veux que je m’en aille je le ferais ne t’en fais pas. Mais s’il te plait parles moi. Te confier te soulagera sûrement. »

Je m’approche d’avantage, en venant presque à le toucher. Mais je n’en fais rien, me contentant simplement de poser mes affaires au sol, me débarrassant les mains. Quand mes yeux remontent vers lui, une tâche violacée attire mon regard. Je fixe à présent sa main d’un œil apeuré. Un large hématome s’étend sur le dos de son poing et une des phalanges est largement entaillée. Un sang d’un rouge flamboyant s’écoule à fines goutes de la blessure.
Je grimace. Je n’ai jamais spécialement aimé les effusions de sang.

Je redresse lentement la tête vers Lounnaël d’un air interrogateur. Je ne peux décemment pas le laisser comme ça. Je tends doucement une main protectrice vers lui en murmurant : « Expliques-moi s’il te plait. »

• Bla, bla, bla. Encore toi quoi •
Lounnaël Mordoch & Lisa J. Turpin

Je transpirais la douceur, la compréhension et la sympathie. Mais malgré cela, la réaction de Lounnaël fut belle et bien celle que je craignais. Il se crispe de tout son être et se dégage, fuyant le plus possible ma présence.
Dans un soupire mélancolique je laisse retomber ma main. Je fais tout pour ne pas laisser transparaître la pitié dans mon regard, je sais à quel point c’est désagréable quand les autres font ça alors que l’on va mal. Je ne souhaite pas mettre Lou en colère contre moi. Il semble être en proie à une intense bataille contre lui-même et je dois dire qu’il m’effraie un peu..

« Il n'y a rien à expliquer. J'avais besoin de me défouler, point. Va manger ... Lisa ... » lâche t-il dans un souffle rauque. « Éloigne-toi ... S'il te plaît ... »

Je secoue négativement la tête. « Il est hors de question que je te laisse seul au bord de l’eau dans cet état ! Tu me connais Lou, ne comptes pas sur moi pour t’abandonner. »

Il se met soudainement à trembler plus fort, comme si dans son corps la pression montait de plus en plus avant l’explosion.. On aurait un peu dit un Scrout à Pétard. Mais passons. A présent je suis vraiment paniquée à l’idée qu’il se passe quelque chose de grave en lui. Je ne bouge pas, penchant la tête vers lui : « Lou.. ? »

« DÉGAGE ! BOUGE ! » me hurle t-il en bondissant en arrière. Je reçois son ordre comme une gifle en plein visage. Scandalisée, je me jette sur lui et prends son visage fin à la peau douce entre mes mains. Je plante mes yeux droits dans les siens et lui hurle hargneusement : « Oh ! Tu t’es pris pour qui là ?! Tu vas te calmer immédiatement, c’est un ordre ! »
Sans attendre sa réaction je le pousse à terre, mes mains toujours serrées sur ses petites joues. Je lui écrase à moitié le visage, le maintenant de toutes mes forces pour m’assurer de son attention.

« Je vois bien qu’il se passe quelque chose de chelou là ! Je ne veux pas savoir quoi, je m’en tape. Mais alors tu vas bien m’écouter mon grand ! Tu te concentre sur moi, sur la beigne monumentale que tu dois mourir d’envie de me coller, mais tu zappe complètement ce qui te met dans cet état ok ? »

Je le secoue légèrement, entrainée dans ma folie. Je sais que je risque de finir à l’infirmerie en plusieurs morceaux si jamais je l’énerve vraiment.. Il me fait peur, mais j’ai aussi et surtout très peur pour lui. Il n’est pas dans son état normal et là je suis carrément flippée.
Il est rigide comme de la pierre, crispé de partout et aussi froid qu’un Détraqueur. Sans compter sa mine. Ses traits semblent déformés par la souffrance.. Et aussi par ma poigne de fer, certes.
Je m’efforce de garder un visage dur et impassible, encourageant aussi, pour pas qu’il ne me voit comme trop faible..

• Bla, bla, bla. Encore toi quoi •
Lounnaël Mordoch & Lisa J. Turpin

J’avais beau hurler tout ce que je pouvais pour le faire se calmer, rien ne changeait. Puis il se métamorphosa. Son visage est maintenant froid, tordu d’un rictus cruel et effrayant.
« Tu as peur, rouquine. » me chuchota-t-il. Tétanisé, je le sens me renverser au sol, se glissant lentement par-dessus moi. Dans d’autres circonstances j’aurais pu adorer ça.. Mais là il me broie les poignets entre ses mains et je me retiens de hurler de douleur.

« Tu as du courage de me chercher comme ça. Beaucoup de courage. Mais l'autre est trop faible pour te faire quelque chose. Moi par contre, ma rouquine, je pourrais te faire des choses que tu n'oserais même pas imaginer dans tes pires cauchemars ... »
J’écarquille les yeux et ma bouche s’ouvre sur un cri muet. Quelle horreur.. J’essaye vainement de me débattre, sentant malgré moi des larmes sur mes joues.
Il a la tête parfaite du fou. Un sourire menaçant et sadique, des yeux révulsés mais embués. Je crois que je me suis encore mise dans une situation de laquelle j’ignore tout. Trop curieuse Lisa. Et tu le paye de ta personne à présent.
Mes poignets me font mal, j’ai presque la sensation de sentir mes os craquer sous ses doigts puissants. Les larmes ruissellent sur mon visage et je commence à avoir du mal à respirer.. Ma tête tourne et je me sens mal, j’ai l’impression de partir à milles lieues d’ici.

« Li ... » je l’entends soupirer. Moi, je suis toujours incapable de dire le moindre mot et je ne sais plus vraiment si tout cela est reel.. Soudain je sens la pression sur mes poignets disparaître et le souffle sur mon cou s’éloigner. Mon corps se soulève dans un spasme inquiétant et ma gorge se délie enfin.

« Raaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! Ha ha haiii.. »
Je sanglote comme une veuve, hurle comme une possédée et me tords de douleur. Enfin à l’intérieur. Car là je suis strictement dans l’impossibilité de bouger. Une dernière pensée me frôle et je sombre.
Lou.. Qu’as-tu fais ?

• Bla, bla, bla. Encore toi quoi •
Lounnaël Mordoch & Lisa J. Turpin

Tout était noir, brumeux. J’avais encore l’impression d’exister mais je ne voyais rien, n’entendais rien, ne sentais rien.. Pas la moindre sensation de toucher sous mes doigts, pas le moindre sol sous mon corps. Rien. Juste un vide calme et silencieux.
Je ne sais pas ce qu’il m’arrive. Et puis impossible de remettre la main sur mes derniers souvenirs. Je ne sais où je suis, ni ce que je fais. Mon esprit n’est plus capable de réfléchir, c’est le néant.

Puis soudainement quelque chose. Un truc frais qui s’écoule sur ma tête. Enfin il me semble que c’est ma tête, mon visage. C’est bon..
Puis encore, un souffle frais sur mon ventre. Je frissonne. Tiens ! Mon corps semble se réveiller. Mais je me sens toujours absente, et mes neurones refusent de s’agiter..
Quelques secondes plus tard je sens que mon corps bouge, se redresse. Mais je ne contrôle rien ! Que m’arrive t-il ? Un truc frôle ma peau, m’enserre, me berce.. Je me calme un peu, détendue par ce geste. Je me sens mieux, rassurée.

Le repos est de courte durée. Soudainement je suis assaillie de tout. Les souvenirs. La douleur dans mes poignets. Le froid. La peur.
J’ouvre les yeux en sursaut et constate que je suis en soutien gorge dans les bras de Lounnaël. Interdite, je reste un instant muette. Sa peau est douce et son torse chaud..
Mais je souffre le martyre. Un coup d’œil à mes poignets m’arrache un haut-le-corps. Une marque violette les entoure et la peau est usée, comme frottée à la laine de verre. Par endroits des petites tâches de sang.. Et la douleur me prend la tête, m’empêchant d’agir complètement.

« Lou.. E-st-ce qu-e ç-a v-a ? Tu m’as fais te-l-l-e-m-ent.. p-e-u-r.. » sanglotais-je faiblement. Je me serre contre lui, tétanisée mais incapable de bouger. Et une impression au fond de moi m’interdit de m’enfuir, de le laisser. De toute façon je n’irais pas loin.. Mais je me sens étonnamment bien dans ses bras.

Je jette un œil autour de moi et comprends qu’il a retiré mon t-shirt pour en faire une compresse. Un peu soulagée mais néanmoins gênée d’être à moitié nue devant lui, je tente de me cacher en me serrant d’avantage dans ses bras.
Je sens tout son corps pressé contre le mien, sa poitrine qui se soulève un peu trop rapidement contre mes seins, son souffle rauque sur mon épaule, ses bras encore crispés autour de moi.. Malgré les circonstances, j’adore. Les yeux fermés je cherche à retrouver mon calme, bloquant totalement de mon esprit tout ce qui se rapporte à ce qui s’est passé. Je refuse d’y penser.

• Bla, bla, bla. Encore toi quoi •
Lounnaël Mordoch & Lisa J. Turpin

« On s'occupera de moi après Lisa. Ne bouge pas, reste là .. » me murmure t-il de sa voix redevenue douce. « Je suis désolé de t'avoir faire vivre tout ça ... »
Tout ça.. Comment expliquer ce qu’il vient de se passer exactement ? J’ai déjà vu Lou dans des états étranges, me fuyant car il se sent mal. Mais jamais encore je n’avais pu rester avec lui suffisamment longtemps pour constater l’étendue des dégâts. Maintenant je comprenais bien des choses. Et je sais aussi que s’il était dur et agressif avec moi c’était sûrement pour me protéger. Me protéger de lui.
Ce n’était donc pas la première fois. Et sûrement pas la dernière non plus. Je frissonne à cette idée, me blottissant d’avantage dans ses bras musclés.

Il tend sa main vers un de nos t-shirt humide pour protéger délicatement mes poignets meurtris. C’est à cet instant que je remarque sa main. Seulement violacée tout à l’heure, elle est à présent toute boursoufflée. Je me mords la lèvre et lui prends le linge pour y enrouler son poing.
« Tu n'as pas trop mal, j'espère ? Je sais que je te dois des explications cette fois-ci ... Lisa, si tu savais ... »
Je secoue la tête et ignore mes larmes qui se remettent à couler. Je prends son visage entre mes doigts et le colle tout contre ma joue. Nos larmes se mêlent, brouillant nos vues. C’est à mon tour de le bercer, dans un état second, encore mortifiée. J’aime ce contact rassurant. Je suis bien tout contre lui..

« Lou.. Mon Lou.. Pardon. J’aurai dû t’écouter mais je ne regrette rien.. Je ne me serais jamais pardonnée de t’avoir laissé seul. » lui glissais-je à l’oreille. « Lou.. Mon Lou.. »

• Bla, bla, bla. Encore toi quoi •
Lounnaël Mordoch & Lisa J. Turpin

Mon rythme cardiaque redevenait correct, ma respiration plus douce. Les larmes continuaient cependant de couler malgré moi. Lou s’agita un peu puis se mit à me parler à l’oreille, comme pressé d’en finir.

« Ma mère est écrivain ... Elle a accoucher de moi, et presque aussitôt, elle s'est remise à écrire, me mettant à part ... En réalité, elle nous a laisser de côté, mon père et moi ... »
Je le sens me serrer un peu plus, je réponds donc à son étreinte, l’encourageant à continuer. Je suis consciente de l’effort qu’il fait en se confiant à moi. Ce n’est pas dans sa nature.. Mais je veux qu’il se sente bien, alors je suis là, toujours là, pour lui.
« Je n'ai jamais supporter qu'elle nous laisse comme ça de côté au début, c'était pas grand chose ... Des cauchemars, je me réveillais en sueur je cassais tout la vaisselle et c'était fini ... Les médecins de sainte-mangouste m'ont garde presque un mois enfermé entre quatre murs, je n'avais le droit à aucunes visites ... Ce n'était que des terreurs nocturnes au départ ... Mais avec le temps ça s'est empirer ... Lisa ... Je suis schizophrène ... » fini t-il par laisser tomber.

Pendant un instant je reste de marbre, n’assimilant pas encore ce que cela représente exactement. Puis la dernière phrase tombe un peu plus profondément en moi, ravageant tout sur son passage. Schizophrène. Un mot effrayant qui représente à la perfection ce qu’il désigne. La folie m’a toujours fait peur comme fascinée. Mais je n’y avait jamais été directement confrontée..
Lounnaël, ce garçon si « difficile » aux yeux de certains, mais si passionnant pour ses amis. Si doux et en même temps si explosif. Si beau et si attirant..
Maintenant que cette idée tourne et retourne dans ma tête, je me rends à quel point elle explique tout. Les fuites inexpliquées de Lou, son attitude distante. Et la carapace si dure qu’il se façonne. C’est finalement un moyen de se protéger de lui-même. Et de protéger les autres de ce dont il est capable..

Quelques minutes s’écoulent durant mon intense réflexion et je me rends compte qu’à cause de ça, Lou doit se méprendre sur la nature de mes pensées.
« Me fuis pas Lisa ... Et quand tu vois que je suis comme ça, je t'en supplie part ... Reste loin de moi, fuis moi lorsque je suis en crise seulement ... Mais ne me laisse pas, Lisa ... » murmure t-il d’un ton implorant.
J’acquiesce silencieusement, toujours les larmes aux yeux. Je ne sais encore que penser. C’est plutôt effrayant et je sais qu’une personne saine d’esprit aurait très certainement prit ses jambes à son cou. Mais voilà, je ne suis pas si lucide que ça. Et puis il s’agit de Lou, merde !

« C’est flippant oui.. Mais tu es mon ami Lou et je tiens à toi. Bien plus que je ne pourrais l’admettre d’ailleurs. » commençais-je dans un soupir hésitant avant de continuer, prenant de l’assurance. « Je comprends des tas de choses maintenant. Et je m’en veux d’autant plus pour les disputes que j’ai causées alors que tu cherchais sûrement à me protéger.. Mais voilà, même si j’ai eu une trouille sans nom aujourd’hui et que maintenant on est tous les deux bien amochés, je ne regrette strictement rien. Je m’en serais voulu toute ma vie d’être partie. Et maintenant au moins je sais. »
Je me mords la lèvre et me recule légèrement pour pouvoir le regarder en face. Ses beaux yeux me font un coup au cœur.. Je lui souris faiblement, essayant toujours d’oublier la douleur lancinante dans mes poignets.
« Mais maintenant que je sais justement.. Non, ne me regardes pas comme ça, je ne vais pas partir. Mais c’est aussi ça que tu vas prendre pour un problème je suppose. Je ne t’abandonnerai pas. Ni maintenant, ni pendant tes crises. Si je suis là quand ça arrive, je resterais jusqu’au bout. Je veux pouvoir te protéger de toi-même, quitte à en payer de ma personne. Mais je tiens à toi Lou.. Tellement.. »

• Bla, bla, bla. Encore toi quoi •
Lounnaël Mordoch & Lisa J. Turpin

A peine ais-je fermé la bouche que je vois Lou froncer les sourcils et secouer la tête.
« Je t'interdit formellement de rester vers moi quand je suis en crise. Tout à l'heure, j'aurais pu te tuer ! J'ai déjà manquer de tuer une personne qui m'est chère à cause de cette fichue schizophrénie. La crise que tu as vu et subit, elle était calme par rapport à celle que je fais d'habitude. Je t'ai déjà fait assez de mal comme ça Lisa. La prochaine dont tu es témoin, tu pars. Laisse-moi seul. Tout ce que je te demande, c'est lorsque je fais une crise comme tout à l'heure, en partant vérifie que personne ne soit dans les parages. Je m'éloigne le plus que je peux de l'école mais je me suis déjà retrouver a en faire en plein milieu d'un passage. J'étais seul, heureusement pour moi. »

Je sais que c’est peine perdue de protester, de chercher à négocier. Alors je m’écrase. Mais le jour venu je sais d’avance que je ne partirai certainement pas en courant. Pas de problème pour sécuriser la zone, pour jouer les vigiles moldus. Mais inutile de compter sur moi pour le rôle de la trouillarde lâche qui s’enfuie en laissant ses amis.
Bon, ça Lou n’est pas obligé de le savoir. De toute façon sur le moment il aura autre chose à penser. Je pourrai bien faire ce que je juge bon !

« Pour tes poignets, il faut trouver quoi dire, qu'on se mette d'accord. On pourrait dire que ... J'ai été un poil trop brusque ? » continue t-il à mon oreille.
Malgré moi je rougis. Mes poignets sont toujours solidement à l’abri dans ses paumes chaudes. Je refuse de penser à la délicieuse sensation de ses doigts sur ma peau. Dur.
Mais il est vrai que maintenant il va falloir camoufler tout ça derrière de belles excuses. Et je crains que la case Infirmerie soit un passage obligatoire dans notre état.

Prenant le parti de rire de sa provocation je lui réponds : « Et moi ? Un peu trop.. excitée ? Parce que pour t’amocher comme ça.. » Je hausse les sourcils d’un air suggestif et reprends plus sérieusement : « Non sincèrement je sais pas. Je vois rien de crédible. »
Puis soudainement mon estomac se rappelle à moi dans un grognement suspect. C’est vrai qu’avec tout ça aucun de nous deux n’est allé à table.
« Tu veux pas qu’on passé à la Grande Salle avant que le repas soit desservi ? Faut vraiment que je mange. On aura le temps de se trouver une excuse et de passer à l’Infirmerie ensuite.. »

Sur-ce, je fouille dans mon sac et en tire ma paire de gants en laine. Il ne fait pas encore assez froid pour que j’en aie besoin mais je les ai tout de même avec moi. Je les lui tends pour qu’il puisse cacher sa blessure le temps de déjeuner. Puis je me rends compte en me détachant ainsi de lui que je suis toujours à moitié nue ! Gênée et prenant instantanément une couleur proche de mes cheveux, je me jette sur mon t-shirt. Une fois un peu plus présentable, j’enfile ma veste en laine aux couleurs de Serdaigle et tire un peu sur les manches pour camoufler mes poignets.
Je n’ose toujours pas relever les yeux vers Lou. En soutif’ quoi ! Bon, au moins j’ai une jolie poitrine dont je peux être assez fière. Et puis mes sous-vêtements sont corrects. L’honneur est sauf, il ne m’aura pas vu sous mon plus mauvais jour..

• Bla, bla, bla. Encore toi quoi •
Lounnaël Mordoch & Lisa J. Turpin

On plaisante, plus pour retrouver une contenance qu’autre chose. Il me charrie sur ma force et je me contente de lever les yeux au ciel, vaguement amusée, mais surtout habituée à ce qu’on me sous-estime.
Lou m’apprend qu’il est hors de question qu’il mette les pieds à l’Infirmerie. Au fond je n’en suis pas vraiment étonnée.. Et puis je sais bien qu’il est trop fier pour avouer qu’il douille franchement. Je ne veux que son bien mais si môôôôôsieur a décidé de jouer les sado-maso que voulez vous que j’y fasse ?

Gênée d’être ainsi rhabillée comme une gamine qui sort des toilettes à la maternelle, je profite néanmoins du moment.. C’est quand même pas tous les jours que les doigts de Lou s’attardent autant sur moi ! Bon certes, s’il faut que je me fasse démonter à chaque fois avant c’est pas la peine que ça arrive trop souvent non plus.. Enfin.. A la réflexion cette dernière phrase est plutôt ignoble est l’expression très mal choisie vu le contexte. On fera comme si personne ne pouvait lire mes pensées d’accord ?!
Bref, je le laisse prendre soin de moi jusqu’au dernier instant. Puis soudainement sa main indemne se glisse dans la mienne et il m’entraine à sa suite vers la Grande Salle. Je souris, heureuse qu’il s’affiche comme ça..

« Encore désolée pour tout, Lisa. » me glisse t-il. Je secoue la tête d’un air vague. « C’est bon, n’en parlons plus.. Aller viens, je meurs vraiment de faim maintenant ! »
Je prends le parti de ne plus évoquer l’évènement, du moins pas pour l’instant. La priorité c’est de combler l’immense gouffre dans mon estomac. Toutes ces émotions m’ont rappelées que j’ai des besoins à satisfaire. Notamment me nourrir. Et ça devient pressant, je me sens vraiment faible.

Nous nous avançons jusqu’au grand hall encore bondé. La plupart des étudiants ont déjà terminé leur déjeuner et zonent en bas des escaliers. Nous nous engouffrons dans la Grande Salle pour nous joindre aux derniers retardataires. Voilà à présent le moment de nous quitter pour nos tables respectives..
Je me tourne vers lui, une petite moue collée au visage. « Bon.. Eh bien.. On se voit plus tard je suppose. Fais attention à toi petit Lou. »
Je lui souris, hésite une seconde puis fini par me hisser sur la pointe des pieds en prenant appui sur son épaule. Je dépose un petit baiser timide sur sa joue et lui lance un clin d’œil avant de partir vers la table des Serdaigles quasiment déserte.

N’osant plus me retourner, je fonce droit devant moi. Je n’arrive pas à croire que j’ai vraiment fais ça ! Mon dieu Lisa.. Dans quel pétrin tu t’es fourrée ma pauvre ! Le chemin de la décadence c’est partit !
Je peux embrasser et même coucher avec beaucoup de monde, croyez moi. Mais d’habitude mon cœur ne bat pas comme ça.. Si ce simple bisou sur la joue me fait cet effet, je n’ose imaginer mon état si j’avais été plus entreprenante. Oh Lisa.. Misérable fille, ne te risque pas à tomber amoureuse !